Les jours filaient à vive allure. En fin de compte, le temps n'était qu'une notion personnelle, tout comme la relativité d'Einstein démontre que la notion de temps n'est pas universelle. Bref, ce n'était pas non plus comme si je m'attardais sur des détails aussi futiles. Einstein est mort, et puis voilà. J'avais des problèmes beaucoup plus importants à régler. Je suis mangaka. Et comme c'est mon métier, bah, je dois écrire des mangas. Le problème, c'est que j'ai comme un ... Trou. Lorsque mon dernier manga est sorti, les critiques m'ont reproché de ne pas assez approfondir les romances, ou plutôt, de ne pas les approfondir de la bonne manière. Les remarques sont toujours constructives, mais là, ça m'a bloqué. Comme si j'avais peur de réitéré la même erreur. Mais est-ce vraiment ma faute si je n'ai jamais connu l'amour ? Ce n'était pas non plus comme j'avais été moi même cherché Cupidon pour lui dire " ne pense même pas à pointer ta flèche dans ma direction ".
Dans des moments comme celui-là, où mon cerveau a quelques ratés, je sors. Parce que mes mangas, c'est la vie qui m'entoure. J'ai bien entendu de l'imagination, mais j'aime observer les faits, m'inspirer de la réalité pour que mes lecteurs aient le plus d'aisance possible à prendre la place de mes personnages. Je pense être un peu naturaliste sur ce plan là.
La matinée était terminées depuis longtemps. M'étant couché aux aurores pour essayer de trouver une quelconque idée, il était tout à fait normal que je finisse par ne plus me réveiller. Je pris une douche rapide ainsi qu'un petit verre de jus d'orange. Je n'avais jamais très faim en me réveillant.
La journée étant des plus ensoleillées, je décidai donc de revêtir un pantacourt blanc ainsi qu'une marinière pour homme. Avant de sortir, je pris ma petite sacoche, y glissa mon petit appareil photo, un crayon et un carnet, et enfonça l'un de mes fidèles borsalino sur ma tête avant de fermer la porte de mon petit " home sweet home ".
Où pouvais-je bien me rendre ? Je n'en avais aucune idée. J'étais plus sorti sur un coup de tête que sur autre chose. Je voulais juste trouver une idée, le petit déclic qui enclencherait le bouton de mon imagination, pour mon prochain manga. J'étais assez perfectionniste, et même si l'on apprend toujours de ses erreurs, j'aimais les éviter au maximum. Mais peut-être est-ce ce pointillisme qui me fait défaut. De toute manière, j'étais encore jeune, et j'avais toute la vie devant moi pour changer et me remettre en question.
Mes pas me menèrent à Harajuku. Avec mon petit appareil - j'avais largement les moyens de m'en offrir un plus beau, mais je n'en voyais pas vraiment l'utilité : le mien était très bien -, je m'amusais à capturer certains bâtiments, certaines personnes, de loin. Pris en flagrant déli, un groupe de yamambas me quémanda de les prendre en photo. Ces filles n'ont vraiment aucun tabou, et j'étais assez gêné en face d'elle. Un peu parce qu'elles étaient des yamambas, c'est sûr. Mais pas dans le sens où je pense qu'il s'agit de personnes infréquentables. Non. Plutôt que ces filles sont totalement à l'opposé de ma personnalité. Alors que moi je suis timide et beaucoup plus discret, elles, n'hésitent pas à s'afficher et se faire remarquer. Elles étaient très gentilles, mais je dois avouer que leur envie poussée de me serrer les joues et de me coller commençait à m'agacer en plus de me gêner. Je n'avais rien demandé moi, juste à prendre des photos, tranquille.
Je fermai les yeux, et tiqua.
- C'est bon là. Je suis pas une poupée Barbie. Les yamambas me regardèrent, presque choquées. Quoi ? Je leur ai juste dit d'arrêter de me tripoter, c'est pas comme si je leur avais demandé de me tuer ... Pour rattraper le coup, comme je suis quand même un peu gentil, je dis :
- Vous voulez pas que je vous prenne en photo ? C'est pour mon manga. Elles semblèrent soudainement beaucoup plus excitées. C'était bien des filles ça. Elles se regroupèrent et posèrent, jusqu'à ce que je finisse par les immortaliser. Malheureusement, elles revinrent, encore, mais cette fois-ci pour voir ma photo, qui était assez bien prise. A force de prendre des photos de n'importe quoi, je m'améliore. Mais bon, je suis loin d'être photographe.
Fatigué par ce trop plein de femmes - j'ai toujours eu du mal avec elles, merci maman -, je décidai de me rendre à mon quartier préféré : Akihabara. J'ai comme l'envie de faire mon gros fou et acheter pleins de mangas et de jeux vidéos, et aller dans un cyber, parce que là, j'en ai marre. Je suis pas homo - loin de là -, mais j'ai quelques tendances misogyne. Tout ça grâce à ma chère mère, ma première impression quant à ce que pourrait être une femme. Bah, j'ai bien des amies filles, mais c'est assez spécial. J'ai toujours l'impression qu'elles sont toutes comme ma mère, et qu'elles sont capables des pires infamies. Bref, assez parler de mauvais sujets.
Arrivé à Akihabara, je me dirigeai vers un cyber. En fin de compte, j'irais acheter des trucs plus tard, là, j'avais une subite envie de jouer aux jeux vidéos.
Le casque sur les oreilles, je fus heureux d'entrer enfin dans un monde qui ne m'ennuierait pas. Je choisis de jouer à Call of Duty, un bon jeu, ça. Au bout de quelques minutes, il me semblait entendre un vague son sur ma droite. Mais j'essayais de ne pas vraiment y faire attention. J'avais le casque sur les oreilles, et je faisais en sorte de ne pas me faire tuer. En réseau, les gens nous prenait souvent en traître, alors autant faire attention. Seulement, je finis par sentir quelque chose sur mon épaule. Je mis donc le jeu en pause, et me retournai.
C'était juste un gamin qui cherchait son papa. Bah il est marrant lui. Genre je vais savoir qui est son père ... J'ai rien contre les enfants hein, mais parfois, faut réfléchir un peu. Je le pris dans mes bras pour qu'il puisse regarder toute la salle, jusqu'à ce qu'il finisse par repérer son père. Je l'y conduis, avant de quitter le cyber. Dans la rue, je pensais à aller acheter mes jeux vidéos, et j'étais tellement plongé dans mes pensées que je finis par faire tomber quelqu'un, en tombant sur le lui. Quel imbécile je suis x_x. Désolé et totalement gêné, je me relevai et ramassa tous les sacs de la personne en les lui tendant.
- Je suis vraiment désolé ! J'espère que vous n'avez rien. J'aurais du faire plus attention.